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« Elle devrait avoir honte de faire peser sur ses collègues les conséquences de son handicap ! »

Il y a quelques jours une collègue en situation de handicap a publié ici (page FB Les stylos rouges) un récit dans lequel elle racontait toute la maltraitance dont notre institution est capable de faire preuve envers un personnel affaibli par la maladie et le combat administratif qu’elle a à mener, vulnérable et isolé dans son établissement.

Qu’elle ne fut pas ma surprise et mon indignation de lire dans certains commentaires des remarques du style « qu’elle ferait mieux de démissionner », « que ce serait mieux pour tout le monde », « qu’elle devrait avoir honte de faire peser sur ses collègues les conséquences de son handicap » et j’en passe et des meilleures !

Cette collègue a même dû retirer son post tellement ces réactions l’ont blessées !

Je pense que les auteurs de ces écrits ne se rendent pas bien compte de ce qu’ils disent, je l’espère tout du moins…

En effet, si nous avons bien une certitude, chacun d’entre nous, c’est que le handicap et la maladie peuvent nous atteindre du jour au lendemain et quel que soient nos âges et nos états de forme.

En France il y a des règles et des lois qui obligent les employeurs à adapter les postes de travail pour maintenir les personnes en situation de handicap dans l’emploi. Bien sûr notre Éducation Nationale ne respecte que très peu ses règles et, quand elle le fait, elle n’hésite pas à faire peser le poids des aménagements des uns, reconnus RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) , sur les autres qui ne le sont pas ! C’est comme cela que se crée un climat parfois délétère dans des établissements et que les collègues en situation de handicap, minoritaires et souvent plus vulnérables que les autres, se retrouvent maltraités par leur hiérarchie et parfois par les collègues qui les perçoivent comme des « boulets » qui alourdissent leurs charges de travail à eux !

Mais il faut bien comprendre une chose : les personnes en situation de handicap ne sont aucunement responsables de la façon dont notre institution organise les aménagements de postes ! Eux ils ont besoin de ces aménagements pour continuer à travailler…

C’est l’institution qu’il faut blâmer, pas les malades !

Et c’est exactement la même chose et la même logique qui s’applique pour les collègues en arrêt maladie qui sont souvent montrés du doigt : c’est l’absence de remplacement qu’il faut dénoncer, pas les malades, sinon ça justifie qu’on nous colle plusieurs jours de carence par exemple.

Nous sommes dans un groupe qui cherche à agir collectivement avec comme point de départ, me semble-t-il, une élévation collective du niveau d’information et de lucidité sur nos conditions de travail, sur nos salaires et sur le respect qui nous est dû.

Il est donc important que chacun d’entre nous mesure bien les conséquences que pourraient avoir une grave maladie ou une situation soudaine de handicap sur nos relations avec notre employeur, avec notre hiérarchie et avec nos collègues !

Un personnel en difficulté médicale ne pourra pas prendre d’heures supplémentaires (c’est d’ailleurs le seul moyen légal de pouvoir refuser les deux obligatoires), ne pourra pas travailler plus pour faire du pacte et devra bien souvent se mettre à temps partiel pour continuer à travailler !

Si le handicap est trop important ils peuvent prétendre à un poste adapté, au CNED par exemple, mais ils sont rares et provisoires… qu’advient-il d’eux après les 1, 2, 3 ou 5 ans de poste adapté ?

Les reclassements, de droit normalement, n’existent quasiment pas dans l’Education Nationale et ne permettent pas de migrer vers d’autres secteurs ou fonctions publiques.

Et je ne parle même pas des handicaps qui découlent du service mais que notre employeur rechigne à reconnaître pour ne pas avoir à les prendre en charge : les batailles juridiques sont longues et épuisantes pour des personnes déjà en difficulté !

Je vais m’arrêter là mais il faut bien comprendre que c’est ça la réalité des enseignants en situation de handicap aujourd’hui en France !

Alors merci de ne pas les juger comme des tires au flan,  comme des boulets ou comme des incapables à chasser de l’Education Nationale, pas entre collègues, l’administration s’en charge déjà largement !

Auteur du post : Nik Tik, membre d’Anthén

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