Andernos, le 20 Mai 2025
A
Me Elisabeth BORNE
Ministre de l’Education Nationale,
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Notre Association Nationale des Travailleurs Handicapés de l’Education Nationale
(ANTHEN) a été fondée en 2019, face au constat de la situation parfois dramatique des
personnels en situation de handicap et/ou en ALD.
Depuis, nous n’avons eu de cesse de demander à rencontrer les différents ministres qui
se sont succédés.
Aujourd’hui, 20 ans après la loi handicap de février 2005, force est de constater que les
conditions de travail de ces personnels tardent à s’améliorer.
L’invalidité en catégories 1, 2 et 3 n’existant pas dans la fonction publique, nos collègues
sont contraints de financer eux-mêmes leurs temps partiels pour handicap, et les
« J’ai le droit de ne pas dire
de quel handicap je suis atteint (atteinte)
Les préconisations transmises par le médecin
du travail à mon supérieur suffisent. »
Les allègements de service -aménagements propres à l’E.N – sont distribués au compte
goutte. Dans certaines académies, l’égalité de traitement n’existe plus, et les personnels
n’y ont droit qu’un an dans leur carrière, alors que leur handicap est pérenne. Les
personnels administratifs ne peuvent même pas y prétendre. Or, prendre un temps partiel
de droit, parce que sa santé ne permet pas de travailler à temps plein, c’est non !
Il faut non seulement renoncer à une partie de son salaire, mais aussi amputer ses droits à la
retraite. C’est une triple peine injuste et inefficace pour le bon fonctionnement des
services.
Depuis 2021, le Ministère fait une priorité d’embauche de ces personnels en situation de
handicap, qui sont à présent un peu plus de 4%. Mais les moyens nécessaires à leurs
aménagements de poste ne suivent pas, compte tenu du mode de financement du
FIPHFP. Il faut attendre parfois plusieurs années pour obtenir un aménagement matériel
et nombre de collègues se retrouvent en arrêt de travail, ou sou rent chaque jour dans
l’exercice de leur métier faute de pouvoir bénéficier de cet aménagement.
Pis, la formation des cadres dirigeants (IEN, chefs d’établissement), n’aborde
absolument pas la gestion des personnels porteurs de handicap. Il n’existe que des
formations en ligne sur la base du volontariat. De trop nombreux collègues se retrouvent
face à des refus catégoriques d’aménager leurs horaires ou leur poste de travail, se
retranchant derrière les nécessités de service sans les justifier le moins du monde. Ils se
retrouvent de fait dans des situations qui les obligent à prendre des arrêts maladie, alors
que leur seule demande est justement de pouvoir travailler le plus normalement possible
et sans arrêt. Du fait de la pénurie de personnels, ils sont rarement remplacés et sont
parfois culpabilisés par la direction de leur établissement, par les familles également. Ils
sont aussi parfois victimes de propos discriminatoires.
Par ailleurs, on les pousse à la démission, on ne leur permet que de rares reconversions,
et les postes adaptés de courte ou de longue durée sont exceptionnellement attribués et
pour un temps restreint, inférieur à ce que permettrait la loi.
Dans certaines académies, il n’y a plus de médecine du travail, il faut se rendre à
plusieurs centaines de kilomètres pour rencontrer un médecin de l’EN, voire une
infirmière, quand ce n’est pas en visioconférence, et les délais sont parfois de plusieurs
mois. Nous tenons à rappeler ici la nécessité de rendre possibles des visites médicales
régulières pour tous les personnels, comme le prévoit la loi.
Madame la Ministre, cette situation ne peut plus durer. Elle ajoute de la souffrance à la
souffrance, au mépris de l’égalité de traitement et de l’équité à laquelle tous les
fonctionnaires ont droit.
La loi de 2005 a donné des droits à ces personnels. Ils sont une formidable opportunité
pour les élèves de voir qu’on peut avoir une vie professionnelle épanouie, même lorsqu’on
est porteur de handicap. Si l’inclusion des élèves est une priorité, l’inclusion des
personnels en est une aussi. A l’heure où l’Education Nationale fait face à tant de
difficulté de recrutement, nous avons besoin d’eux, pas de les rendre invisibles, pas de
les décourager et de les faire renoncer à un métier qui leur tient à cœur.
Depuis deux ans maintenant, notre association rencontre régulièrement M. Jean-Xavier
Lichtlé, Chargé de mission au Département Handicap et insertion professionnelle. Son
service travaille depuis plusieurs années sur le plan pluriannuel qui doit succéder à celui
qui est échu depuis 2023. Le travail effectué est bien réel mais les – faibles- moyens
donnés à la politique handicap restent malheureusement les mêmes d’année en année,
alors que le nombre de personnels BOE augmente.
C’est pour toutes ces raisons, madame la Ministre, que nous souhaitons vivement vous
rencontrer afin de pouvoir échanger avec vous sur ce sujet, vous faire part de nos
témoignages et tenter avec vous de trouver des solutions pour que les personnels
porteurs de handicap puissent vivre une vie professionnelle sereine et complète.
Nous vous remercions par avance de votre écoute et de votre bienveillance.
Soyez assurée, madame la Ministre, de notre profond attachement au Service Public
d’Éducation
La direction collégiale d’Anthén
Association ANTHEN,
18 rue des amandiers, 33510 ANDERNOS LES BAINS
www.anthen.fr – asso.anthen@gmail.com